Ah le temps. Parfois il file. Parfois il s'étire. Se donne le temps. Ou ne le prend pas, justement. Pour prévenir tout risque de burn-out quand la trotteuse semble partie dans une course effrénée, il est bon de prendre un souffle… à temps. D'appréhender au mieux cette notion de temporalité. Explications avec Dominique Binon, coach et consultante en bien-être au travail et management.

D’abord, en prélude, une observation hautement éclairante :

« Le temps, une donnée arbitraire, conceptualisée par l’homme. Et il est essentiel de s’en rappeler fréquemment pour relativiser, et donc de réduire la charge mentale, que génère notre propre rapport au temps. » 
Dominique Binon
 

Plutôt "on time" ou "true time» ? Pardon ? Bon, décryptage. Les personnes dont le rapport au temps est qualifié de "on time" se sentent bien si elles peuvent planifier, anticiper, prévoir. Pour elles, le temps est une succession de séquences. Concrètement ? Ce sont des personnes qui, en général, vont dormir à la même heure, calent les réunions plusieurs semaines à l'avance, disposent d'un agenda prérempli. Bref, elles anticipent, dans une certaine routine qui leur permet d'éviter l'inconfort. 

La seconde catégorie, baptisée "true time" fonctionnent différemment. Elles profitent du moment présent, qu'importe le chamboulement qui peut suivre. Bonjour l'improvisation. Ces personnes s'adaptent facilement, sont disponibles. Leur perception du temps est élastique. Du coup, elles ont souvent tendance à sous-évaluer le temps nécessaire à une action. 

Alors, du coup, vous, vous êtes quoi ? Si vous devez chercher la réponse dans votre agenda, c'est qu'il y a déjà un petit indice… 
 

Il n'y a pas de meilleure réponse, de bonne ou de mauvaise manière d'appréhender son rapport et, de facto, sa gestion du temps. Par contre, bien l'identifier, c'est se donner les moyens de penser son organisation en tenant compte de ce qui va vous apporter satisfaction et vous rendre plus efficient. 

"On time"? Pensez à la marge de manœuvre pour les imprévus, la flexibilité pour les demandes de dernière minute, le planning qui peut se chambouler pour X ou Y raison.

"True time"? N'hésitez pas à laisser de l'air dans l'agenda pour conserver du temps disponible pour les dépassements d'horaire, calez des "rendez-vous avec vous-même" pour éviter d'être noyé par les sollicitations d'autrui, du reste nombreuses vu votre disponibilité naturelle. 
 

Faire preuve de trop de souplesse dans son rapport au temps, c’est prendre le risque de se laisser déborder en permanence, de courir après ses échéances… Bref, d'être stressé. Manquer de souplesse et être hyper organisé ? Bonjour la porte ouverte à la pression, à l'hyper exigence envers soi et les autres. Bref, être stressé (bis). 

La solution ? Prioriser. C'est une vraie ressource, un cadre sécurisant qui permet d'anticiper avec plus de sérénité. C'est bien beau mais concrètement ? Hop, on dépoussière la matrice de ce bon Dwight Eisenhower, président des Etats-Unis au sortir de la seconde guerre mondiale. 

"Ce qui est important est rarement urgent et ce qui est urgent est rarement important."

Thanks Dwight. En résulte le système des 4D. Rien à voir avec le prénom de l'illustre commandant de l'armée US. 

  • Do : Faites-le maintenant et vite. Ca ne prend que quelques minutes ? Alors foncez. Par exemple, en rappelant un client qui demande une précision sur un devis.  
  • Delay : Pas de conséquence immédiate? Alors planifiez. Ce fameux PDF avec tous les graphiques ? C'est pour dans un mois ? Alors, prenez le temps de l'intégrer dans votre agenda, de le faire dans un moment pleinement consacré à cette tâche. 
  • Delegate : Une autre personne sera plus efficace que vous? Alors, déléguez. Un exemple? L'entretien de la machine à café et son réapprovisionnement. 
  • Delete : Pas d'impact? Aucune plus-value? En dehors de votre champs de responsabilités? Laissez tomber. Comme par exemple ce rendez-vous à l'autre bout de la Wallonie avec un client qui annonce d'emblée qu'il n'a pas les finances pour travailler avec vous. 

Une question, fondamentale, qu'il est bon de se poser systématiquement : "Que se passe-t-il si je ne fais pas ceci ? Est-ce grave ? Vraiment ?" La plupart du temps, force est de constater que ça ne l'est pas. Oh du temps… libre dans l'agenda. Ça fait du bien non ?