Depuis que nous sommes enfants, nous grandissons avec l’idée que certains sont plus grands, plus forts, voire plus intelligents que d’autres. Avec, pour objectif, de davantage se trouver dans la catégorie des « plus » que des « moins » afin de mettre toutes les chances de son côté dans la vie.

Cette catégorisation de notre environnement pousse certaines personnes à chercher toujours plus, à aller toujours plus loin. Ce comportement a un nom : le perfectionnisme. Celui-ci peut amener à se fixer des objectifs souvent irréalistes et inatteignables. Avec, comme conséquence, le risque de vivre dans l’insatisfaction permanente, l’autodénigrement, les retards continus, le stress, la démotivation et, par conséquent, une faible estime de soi. Explications et pistes de solutions avec Sarah Sevilla, psychologue, conseillère en prévention et Unit Manager au CESI.

Les perfectionnistes s’exposent à d’autres difficultés. Une des principales ? La procrastination ! Par peur de ne pas faire assez bien, le perfectionniste se retrouvera parfois à ne rien faire du tout. Ce n’est qu’une fois au pied du mur qu’il se mettra au boulot, avec la charge de travail et de la dose de stress supplémentaires qu’une telle situation implique. Un autre écueil commun est le syndrome de l’imposteur, c’est-à-dire le sentiment bien connu chez certains que l’on ne mérite pas ce que l’on a, que l’on n’est pas à la hauteur et que l’on peut finir démasqué à tout moment.

Si le profil du perfectionniste est a priori attirant, il peut également se transformer en votre pire ennemi. De quoi engendrer beaucoup de frustrations. Professionnellement, le perfectionniste peut passer tellement de temps à bosser sur le service parfait qu'au moment de sa commercialisation, le marché n’est finalement plus à prendre. Alors qu’une sortie anticipée, avec un produit imparfait, aurait permis de recueillir le feedback des clients et, in fine, une meilleure compréhension de leurs besoins. Résultat ? Vous vous retrouvez frustré avec un manque à gagner pour votre entreprise.

Vous l’aurez compris, la quête vers l’excellence est tout simplement infinie. Si vous vous retrouvez dans les quelques lignes que vous venez de lire, il est donc essentiel de mettre des choses en place pour ne pas sombrer vers le côté obscur du perfectionnisme. Pour y arriver, quatre idées sont à retenir :

  1. Conscientiser : Peut-être que la lecture de cet article vous aura ouvert les yeux. Mais pour comprendre les atouts et les défauts de son côté perfectionniste, encore faut-il se rendre compte qu’on en est un. Prendre conscience de ses forces, de ses faiblesses, est essentiel dans le cadre de sa vie privée, mais aussi pour son business.
  2. Lâcher prise : Il est tout simplement impossible de tout contrôler. C’est déjà compliqué chez soi, ça l’est encore plus chez les autres. Reprenons l’exemple de notre entrepreneur qui a trop tardé pour sortir son produit. Il aurait été opportun qu’il affronte le feedback de ses clients, voire auparavant de ses amis ou de sa famille. Les remarques reçues, parfois difficiles à entendre, concernent le résultat proposé et non la personne. Un détail essentiel à ne pas oublier.
  3. Prioriser : Pour réussir, placer son énergie au bon endroit est ultra-important. Mais comment faire ? Il suffit de demander à Pareto ! Qui ça ? Vilfredo Pareto, économiste et auteur du bien nommé principe de Pareto. Son fonctionnement est ultrasimple. Pour lui, 80 % des effets sont le résultat de 20 % des causes. En entrepreneuriat, cela pourrait se traduire par « 80 % du chiffre d'affaires provient souvent de 20 % des clients ». D’où l’importance d’identifier les 20 % des tâches, des clients ou des services qui ont l’impact le plus fort sur votre business. Et s’y consacrer en priorité avant de s’atteler au reste.
  4. Objectiver : proposer le produit parfait est (quasi) impossible. Pour ceux qui s’y essayent, le chemin se transforme généralement en véritable parcours du combattant impossible à franchir. Plutôt que d’imaginer le produit que tout le monde va s’arracher instantanément, pourquoi ne pas commencer par celui qui est tout simplement rentable ? Ou qui apportera de la visibilité à votre entreprise ? Établissez un plan d’action, décomposé en tâches plus petites, et mettez l’accent sur l’expérimentation. Sans oublier de prendre du plaisir tout au long du processus de création ! Et si vous vous rendez compte en cours de route que vous avez réalisé une erreur, ce n’est pas grave. Il n’y a que ceux qui n’essayent pas qui ne se trompent pas. Tirez les enseignements de cet échec afin de faire mieux la fois suivante. Dans cet état d’esprit, l’échec n’est pas une fin en soi mais un simple passage vers un mieux qui n’aurait pas pu être atteint autrement.