Avec trois jeunes enfants à la maison, Juliette Hagelstein, psychologue clinicienne, connaît toutes les facettes de la gestion de la parentalité sur l’activité professionnelle. Elle le vit au quotidien, d'autant plus qu'elle vient de lancer une micro-boulangerie au levain en parallèle de son activité. Elle nous propose cinq conseils, cinq idées à suivre pour gérer cette double casquette, ces deux temps (plus que) pleins qui animent la vie des parents qui entreprennent. Ou l’inverse. Ou la superposition. Entre efficience, limites, équilibre et « on fait comme on peut », notamment.
Quand un indépendant travaille à la maison, il est tenté de le faire au milieu du salon. De se dire, ‘comme ça je jette en même temps un œil aux enfants’. ‘Je lance une machine’ ou ‘je fais la vaisselle entre deux appels’. Or, c’est une fausse bonne idée car cela peut ajouter beaucoup de charges. L’idéal, c’est évidemment de se créer un espace spécifique, un bureau. Je pense à cette dame qui, lors d’un atelier, avait expliqué que, même si elle travaillait de chez elle, elle se préparait, disait ‘je pars travailler’ comme si elle se rendait au bureau. Or elle allait à l’étage de sa maison. Fragmenter, c’est essentiel. Quand un salarié est au bureau, ses enfants ne viennent pas lui demander des choses toutes les cinq minutes… Ici, c’est la même idée.
Cette idée vaut également pour le temps. Sinon, on est tenté de travailler tout le temps. Or faire un horaire, fragmenter pour ne pas être dépassé dans un sens comme dans un autre, c’est extrêmement important. Et, à l’inverse même si ça va évidemment de pair, en dehors de l’horaire, on essaye d’éviter les mails et les appels.
Déléguer, c’est, d’abord, prendre du temps pour réfléchir à qui fait quoi. Souvent, celui qui travaille à la maison se charge des enfants, des courses, des tâches ménagères… Et au final, n’a peut-être que 3 ou 4 heures pour son business. Comment s’organiser pour que ce soit le plus équitable, que l’organisation respecte le temps de travail de chacun ? Quitte à solliciter des aides extérieures ? Quitte à laisser les enfants à la garderie un peu plus longtemps pour que chacun s’y retrouve ? C’est évidemment tentant d’aller les rechercher plus tôt, car on a envie de passer du temps avec eux. Mais il y a un équilibre à trouver.
Beaucoup d’indépendants aiment la perfection et vont se fixer des standards assez élevés. Or, le mieux, c’est de faire un test, d’essayer telle ou telle organisation et, si ce mode ne fonctionne pas, de le réajuster. Une année scolaire n’est pas l’autre et un peu de souplesse est nécessaire pour s’approprier cette nouvelle phase, ces nouvelles habitudes, ces nouveaux horaires. J’entends souvent des patients qui ont des exigences très élevées et ne s’y retrouvent pas. Ne pas avoir peur de rectifier, d’ajuster si nécessaire, c’est aussi l’une des clés.
Dire à un indépendant qu’il doit prendre du temps pour lui… Si on le formule de la sorte, il risque logiquement de répondre : ‘t’es bien gentil mais ce n’est pas accessible…’ Je parle donc plutôt ici de s’écouter. Écouter ce qui se passe en nous, prendre soin de soi. Prendre cinq minutes pour faire un exercice respiratoire ou de cohérence cardiaque. Une heure le soir quand les enfants sont couchés pour aller courir et relâcher la soupape. Ou même un week-end avec les copains pour me recharger. Partir de soi pour que le reste roule, finalement. Car si on est cramé dès le début, cela va créer des tensions et des dysfonctionnements, inévitablement.
Ça peut sembler un peu bateau mais c’est pourtant tellement essentiel. Déconnecter… Ca ne veut pas dire tout couper pendant trois jours. Plus se dire qu’on souffle pendant deux heures, par exemple. C’est une fausse croyance de pense que c’est justement quand le téléphone est coupé que la crèche va appeler. Ou l’école. Sachant que, en outre, ils ont toujours a minima deux numéros pour contacter, en cas d’urgence, les parents ou grands-parents. Déconnecter, ce n’est pas le faire toute la journée, c’est faire un break. Et le faire aussi quand les enfants rentrent à la maison, pour en profiter pleinement jusqu’au dodo. Aligner tout de front, ce n’est pas l’idéal pour la concentration et, surtout, le risque d’épuisement est bel et bien réel. C’est donc extrêmement important de s’autoriser à respirer.
Par exemple : on peut aussi utiliser deux numéros de téléphone. Un pro et un privé. Le mode ‘ne pas déranger’ ou ‘temps pour soi’ sur le téléphone, où vous pouvez déterminer les personnes autorisées à vous envoyer des notifications, peut aussi être une solution. Pas de stress, l’appel important arrivera bien, le reste sera filtré.
Juliette Hagelstein, psychologue clinicienne et formatrice pour le groupe Cesi One, accompagne également les indépendants dans le cadre du programme de sensibilisation J’entreprends mon bien-être d’UCM. Ne manquez pas le prochain webinaire sur l’équilibre vie privée/vie pro le 10 octobre prochain.