UCM attendait une réforme avec deux priorités : rétablir la confiance dans la pérennité du système des retraites ; améliorer l'équité en valorisant davantage le travail, pour les salariés comme pour les indépendants. C'est raté. Les corrections décidées par le gouvernement vont plutôt dans le bon sens, mais passent à côté des vrais problèmes.

La condition de vingt ans de travail effectif pour avoir accès au calcul avantageux sur la base du montant de pension minimale (1.630 euros d’ici 2024) est positive. Il n'est pas abusif de réclamer un minimum de cotisations pour donner accès aux avantages garantis par la Sécurité sociale.

Le bonus pension, ouvert tant aux salariés qu’aux indépendants, a également le mérite d'encourager le travail. Il entraîne toutefois des dépenses supplémentaires importantes, alors que le vieillissement de la population mine la confiance dans le système.
C'est le cas aussi de la meilleure prise en compte des temps partiels liés à la vie familiale. C'est un avantage auquel les indépendants auront de facto peu accès et qui va plomber le budget des pensions.

Cette mini-réforme manque de courage. Elle ignore la question brûlante des "années assimilées". Les indépendants ne se constituent un droit de pension que s'ils cotisent. Les salariés ont en moyenne un tiers de leur carrière – près de quinze ans – valorisé pour leur retraite comme s'ils avaient travaillé alors qu'ils bénéficiaient d'allocations de chômage, d'indemnités d'invalidité, d'une "prépension", etc.

De plus, une série d'anomalies ne sont pas corrigées. Les conjoints aidants, dont le statut n'existe que depuis 2003, restent dans une situation précaire avec une demi-pension minimum, même pour des carrières complètes. Des indépendants qui ont travaillé vingt-neuf ans, ou qui ont des carrières mixtes avec des postes à l'étranger (Ossom), restent en dehors du système de la pension minimum. Les montants de pension ne seront totalement proportionnels aux cotisations, dans le régime indépendant, qu'en 2066. Une vraie réforme aurait dû prévoir un coup d'accélérateur.
Enfin, pour rendre les mesures efficaces et permettre à chacun(e) de poser les meilleurs choix, il faut améliorer la transparence et la précision de l'outil MyPension. Rien n'est prévu.