Les principales sociétés du monde de l’assurance en Belgique ont décidé de revoir leur politique en matière de télétravail. Un chambardement plus global ? En tout cas, pas pour UCM, qui a mis en place un modèle spécifique.
D’aucuns le pensaient gravé dans le marbre du règlement de travail mais, pourtant, nombreuses sont les sociétés à sortir la ponceuse pour, à défaut de complètement l’effacer, polir son impact. Quoi ? Le télétravail évidemment. Le domaine de l’assurance, via plusieurs de ses grands noms présents en Belgique, vient de revoir sa copie en la matière.Marche arrière toutes voiles dehors pour « favoriser la cohésion d’équipe » et, s’il n’est pas supprimé, il prend un sacré coup dans l’aile quand même, le « TT », comme disent les jeunes. Ou pas d’ailleurs. Car, c’est une de ses particularités, il attire tout le monde.
« Tout profil confondu, du junior qui se lance dans son premier job au profil senior 50-55-60. Du collaborateur au manager. Ça a été un effet après Covid de dingue au niveau du recrutement », explique Pauline Henin, Recruitment manager chez UCM. « De manière générale, c’est plutôt l’équilibre vie privée/vie professionnelle qui est abordé. Et dedans, il y a le télétravail, la flexibilité, la possibilité de travailler dans un bureau proche de chez soi plutôt que venir au siège… Mais, c’est bien simple, je n’ai pas un candidat qui ne me parle pas du télétravail lors d’un entretien d’embauche… ».
Si certains le rognent, pour UCM, il n’en est en tout cas pas question. « C’est même une force chez nous car nous sommes très attractifs sur la formule choisie. Le sujet revient lors de nos conseils d’entreprise et il n’est pas question de la remettre en cause », reprend-elle. « Nous sommes passés à une formule trimestrielle, avec vingt-six jours à placer. À mettre comme l’employé le désire, mais toujours en respectant les quatre feux et en se rendant, au minimum, une fois par semaine au bureau. Les quatre feux, c’est ‘compatible avec ma fonction’, ‘ok pour mon manager’, ‘ok pour mon équipe’ et ‘ok pour ma société’. Donc, ce n’est pas un droit, plutôt une possibilité. Lors des entretiens d’embauche, le télétravail est en tout cas aussi important que le package salarial. Après, bon nombre de personnes venant chez UCM le font justement pour l’ambiance, l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Ils savent que ce n’est pas chez nous que les salaires sont les plus attractifs… ».
Pour l’experte en recrutement, le mouvement de recul des grandes entreprises des assurances n’est pas complètement ubuesque. « Oui, je peux le comprendre car pour certains métiers et certaines cultures d’entreprise, la formule mise en place peut malmener la dynamique d’entreprise, l’esprit d’équipe. Voire même ouvrir la porte aux abus. Mais, concernant UCM, je n’ai pas du tout ce sentiment. Je crois qu’on a beaucoup évolué en termes de culture d’entreprise sur la notion de contrôle et il y a une confiance qui est énorme à tous les niveaux. C’est ce que les collaborateurs nous disent aussi dans les suivis d’intégration. Cet aspect confiance permet d’éviter le sentiment de contrôle ».
Une chose est certaine, le télétravail s’érige comme une routine pour ceux qui en profitent. Un élément structurant de leur quotidien. Un gage d’attractivité pour certaines entreprises comme UCM. Tout l’enjeu, c’est de trouver le juste équilibre entre performance collective et flexibilité individuelle. Car, comme l’évoquait le professeur en management humain et des organisations Laurent Taskin (UCL) sur les ondes publiques, « des recherches nous montrent que plus de la moitié des salariés seraient prêts à quitter leur entreprise si le télétravail n’était plus possible ou plus dans des proportions satisfaisantes ». Avec tous les troubles, pour le marché du travail comme pour le monde de l’entreprise, que pareil chambardement occasionnerait.