Les patrons de PME, usés par deux ans de crise sanitaire, ont toutes les peines du monde à suivre l'indexation des salaires. Ils portent le poids de la crise. L'économie belge s'affaiblit. Dans ce contexte, la manifestation de ce lundi est choquante, inopportune et déplacée.

La Banque nationale l'a établi : la facture de l'inflation est principalement à charge des entreprises. Les consommateurs sont peu touchés, grâce aux mesures prises par le gouvernement et surtout grâce au mécanisme typiquement belge de la liaison des salaires et allocations à l'indice des prix.
Quand l'inflation s'affole, ce système plonge les chefs d'entreprise dans les difficultés. Le coût horaire du travail augmentera cette année de 4,8 % de plus en Belgique que dans les grands pays voisins, prévoit la Banque nationale. En conséquence de cette perte de compétitivité, nos entreprises perdront 3 % de parts de marché en 2022 et encore 1,5 % en 2023. 

L'économie belge s'affaiblit, alors même que le déficit des finances publiques (4,5 % du PIB cette année, soit 24,3 milliards d'euros) se creuse. Les taux d'intérêt sont à la hausse. Un assainissement s'impose de toute urgence. Si l'économie n'est pas solide, si les entreprises ne peuvent pas préserver l'emploi, l'austérité sera très douloureuse.

Certaines grandes entreprises ont engrangé des réserves et peuvent faire face à la situation ; les PME, dans leur ensemble, ont des trésoreries siphonnées par deux années de crise sanitaire. De plus, elles sont généralement à haute intensité de main-d'œuvre et craquent sous les hausses salariales répétées.
Des possibilités existent pour amortir l'impact de l'inflation : indexations forfaitaires, plafonnées, différées… Le pouvoir d'achat des ménages pourrait être encore mieux préservé avec des mesures ciblées sur les revenus modestes : baisse de charges, tarifs sociaux…

UCM est prête à discuter de tout cela. Mais il n'y a pas d'interlocuteur. Les syndicats, en réclamant des hausses de salaire, ont établi leur quartier général sur la Lune. Les ménages mis en difficulté par la flambée des prix sont d'abord ceux des indépendants. Les salariés voient leurs revenus augmenter, tout comme les fonctionnaires. Ceux-ci, en plus, n'ont pas perdu un euro pendant toute la durée de la crise sanitaire.